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24 mai 2007

la comunication

La communication inter-humaine

par Gérard Donnadieu

Ancien professeur à l'Université Paris 1 (Panthéon-Sorbonne)

Résumé : On doit à la théorie systémique de la communication, élaborée par l'école de Palo Alto dans les années 60/70, d'avoir rompu avec le modèle dit de l'information où seul comptait le contenu du message, pour prendre en compte les enseignements de l'anthropologie relatifs à l'économie du don et à l'échange symbolique (mis en évidence par Marcel Mauss). La nouvelle théorie met en exergue, dans tout échange humain,  la primauté de la relation sur le message. Et communiquer sur la relation passe d'abord par des formes non-verbales (gestes, mimiques et surtout actes) que l'on désigne par le terme de communication analogique. Les formes verbales – ou communication digitale – bien adaptées à la transmission du contenu d'un message (l'information) sont relativement pauvres pour communiquer sur la relation.

Mais si l'école de Palo Alto resitue,  en la minorant, l'importance de la communication digitale dans le processus global de la communication, il n'en demeure pas moins que celle-ci joue un rôle essentiel dans l'histoire de l'humanité, en particulier à partir du moment où grâce à l'invention de l'écriture vont apparaître les grandes civilisations. Peut-on alors construire une approche systémique de la communication digitale?

Les réponses proposées par les différentes sciences du langage, en particulier la linguistique, bien qu'intéressantes s'avèrent au final réductrices et insuffisantes. Elles évacuent une dimension incontournable de cette forme de communication: l'interprétation du message en référence à l'univers de symboles et de représentations qui structure l'environnement culturel des locuteurs. Ce problème de l'interprétation, ou herméneutique, qui présuppose l'existence d'un univers symbolique est au cœur de la réflexion de H.G. Gadamer et de P. Ricœur.

Contrairement à une vision purement individualiste du comportement de l'acteur, supposé producteur autonome de ses idées et qui déciderait librement selon ses intérêts (c'est le postulat de base du libéralisme économique et de la sociologie des organisations), celui-ci agit le plus souvent sous l'emprise de représentations sociales (croyances, normes, modèles, valeurs,…) plus ou moins profondément intériorisées (sous formes consciente et inconsciente) et qui lui dictent ce qu'il convient de faire dans les diverses circonstances de la vie. Agir autrement reviendrait pour l'acteur à se couper de sa société et de son groupe d'appartenance, groupe au sein duquel il puise les éléments de son identité sociale et dont dépend son existence en tant que personne.

A cet ensemble de représentations sociales, les anthropologues ont depuis longtemps donné le nom de culture, notion essentielle pour qui veut comprendre le fonctionnement d'une société. Que l'univers symbolique de la culture conditionne fortement, voire détermine de manière quasi-impérative le comportement des hommes, voilà qui peut sembler évident. Mais d'où provient alors la "consistance" d'un tel univers qui semble se tenir au-dessus des acteurs, dans une sorte de transcendance à l'image du ciel platonicien des idées ?

Pour les positivistes, tenants du réductionnisme individualiste, un tel ordre symbolique n'a qu'une apparence d’existence. Seuls existent les individus, et la culture comme la société ne sont rien d'autre que le résultat de leurs rencontres aléatoires et fugaces. Contre ce réductionnisme, nombreux sont les systémiciens à  avoir élevé une protestation et proposé une réponse plus subtile, d'inspiration ago-antagoniste et bien dans l'esprit de la vision globale et émergentiste de la systémique.

Si en matière de dynamique relationnelle et de régulation des systèmes, la communication inter-humaine est ce qui existe au monde de plus complexe, alors la systémique est sans doute ce qui permet de la penser le moins mal possible. Prenant à la fois en compte la globalité du phénomène (par la référence à un univers symbolique qui déborde chaque individu, chaque groupe et même chaque langue particulière et renvoie indirectement à l'histoire globale de l'humanité, à la formation de ses symboles, de ses mythes fondateurs, de ses croyances) et la diversité des relations entre éléments (dualité des langages analogique et digital, modalités multiples de chacun de ces langages, caractère ago-antagoniste de l'interaction,…) l'approche systémique de la communication déborde de toutes parts la vision positiviste centrée sur l'individu, le message, l'élémentaire. 

Déjà largement présents au niveau biologique (entre cellules vivantes, entre individus, entre espèces), les phénomènes de communication vont devenir omniprésents au niveau humain. On conçoit donc que les chercheurs en sciences humaines s’y soient intéressés de près et se soient mis en quête, au cours du dernier demi-siècle, de trouver des théories englobantes de la communication.

            Un temps séduits par la théorie de l'information, ils en ont vite perçu les limites, celle-ci n'étant au mieux qu'une théorie de la transmission des signaux. Avec la notion de rétroaction, la cybernétique lui a apporté un premier enrichissement, insuffisant cependant pour rendre compte de l'interaction  complexe entre émetteur et récepteur lorsqu'il s'agit d'êtres humains.

            Les linguistes ont  montré pour leur part que l'apport cybernéticien laisse intact le questionnement sur la nature sémantique du message et sur son interprétation. Héritiers des conceptions de Ferdinand de Saussure, ils ont bien mis en évidence, tel Roman Jakobson, les spécificités apportées par le langage humain dans la communication ; mais ces auteurs sont restés flous pour ce qui concerne les éléments extra-linguistiques. Ils n’ont que partiellement tenu compte du contexte dans lequel se déroule la communication, se contentant de l'évoquer sans réellement lui donner un statut précis.

            Il appartiendra aux psychosociologues, notamment ceux de l'école systémique de Palo Alto, de faire effectuer aux recherches sur la communication leur plus grande avancée théorique. Aussi, est-ce par la présentation de cette théorie que je vais commencer cet exposé, me réservant dans une seconde section de revenir sur les aspects plus directement linguistiques, notamment à propos de la question herméneutique dont on sait l'importance dans l'exégèse des textes anciens, en particulier religieux. 

1 -

La théorie systémique

de

la communication

Née dans les années 1960/1970 à Palo Alto en Californie, dans le voisinage de la célèbre Université de Stanford, la théorie systémique de la communication doit beaucoup aux travaux de l’anthropologue Gregory Bateson. Celui-ci fut le chef de file d’une sorte de collège informel de chercheurs en sciences humaines, chercheurs souvent en marge de l’enseignement académique, issus des disciplines les plus diverses mais fédérés par l’adhésion commune à l’approche systémique, nouveau paradigme alors en voie de formation au sein de la communauté scientifique. C’est dans le cadre conceptuel de la systémique que fut élaborée, puis formalisée par les successeurs de Bateson, la nouvelle théorie. Parmi ceux-ci, je ferai principalement référence à Paul Watzlawick, psychiatre d'origine autrichienne, connu pour ses travaux sur les thérapies familiales et les pathologies des organisations sociales.

Pour pouvoir présenter les fondements et les concepts de la théorie systémique de la communication, il n’est pas inutile de rappeler d’abord qu’elle s’inscrit dans un double héritage :

-            celui de l’anthropologie, avec les observations faites par les ethnologues (représentés ici par Gregory Bateson et Margaret Mead) au sujet de ce qu’ils appellent l’échange symbolique,

-            celui de la théorie de l’information, conçue par des physiciens dans les années 1940, et dont les membres du groupe de Palo Alto n’eurent cesse de vouloir dépasser le discours par trop positiviste et réducteur.

1 – 1 )  Les enseignements de l’échange symbolique

Nos sociétés modernes ont tendance à concevoir les relations d’échange entre les hommes sur le mode marchand du donnant/donnant. Un acheteur et un vendeur se rencontrent sur un marché que l’on souhaite le plus étendu, le plus anonyme et le plus transparent possible. Pour payer le bien au vendeur, l’acheteur utilise un moyen monétaire. L’échange s’établit sur la base d’une parfaite réciprocité dans l’égalité des partenaires (échange symétrique) ; il est instantané, c’est à dire se termine aussitôt  que le bien a été livré et payé.

Or, une telle conception de l’échange est loin d’être universelle, comme l’ont bien mis en évidence les anthropologues, en particulier Marcel Mauss dès 1923 dan son Essai sur le don[1] : "Ce sont nos sociétés d’Occident qui ont fait de l’homme un animal économique. Mais nous ne sommes pas encore des êtres de ce genre…. Nous sommes encore éloignés heureusement de ce constant et glacial calcul utilitaire". L’observation des sociétés traditionnelles ou primitives montre en effet que l’échange marchand n’est que le cas particulier d’un échange plus large, plus  complexe et plus riche, l’échange symbolique, dans lequel l’individu optimise certes ses ressources économiques mais également ses ressources psychologiques et symboliques.

L’échange symbolique se caractérise par une circulation de biens dont la finalité n’est pas d’abord utilitaire (consommer, s’enrichir) mais anthropologique (exister et se faire reconnaître comme donateur). Marcel Mauss écrit :"Refuser de donner équivaut à déclarer la guerre, c’est refuser l’alliance et la communion". Et tout don reçu oblige ! Le donataire devra ultérieurement (mais sans précision de date) "rendre la politesse" sous forme d’un contre-don qui manifestera son statut et sa générosité.

En termes systémiques, un tel échange se représente par une boucle de rétroaction ago-antagoniste. Normalement stabilisatrice, une telle boucle peut en effet s'emballer sous certaines conditions, donateur et donataire rivalisant alors dans une escalade de dons/contre-dons (*)

Contre-don

        Don

DONATEUR

DONATAIRE


Fait social total, débordant largement le champ économique, l’échange symbolique met beaucoup plus l’accent sur la relation instaurée entre donateur et donataire que sur le contenu du don. A la différence de l’échange marchand, cette relation est dissymétrique ; elle est à la fois réciproque (car le donataire répond toujours par un contre-don) et complémentaire ( le don excède généralement le contre-don, le donataire reconnaissant ainsi son statut d’obligé ou position basse par rapport au donateur qui occupe la position haute).

1 – 2)  La théorie de l’information et ses limites

Formalisée au plan mathématique par les américains Shannon et Weaver[2] à des fins  d’amélioration des transmissions téléphoniques, cette théorie est de facture rigoureusement analytique et causaliste, à l’image du modèle dominant dans les sciences de la matière. Elle conçoit la communication comme un mécanisme cybernétique entre quatre entités distinctes : un émetteur et un récepteur reliés par un canal dans lequel circulent des messages.

MESSAGE


RECEPTEUR

(ou Destinataire)

EMETTEUR

(ou Destinateur)

                                                    


                                                        CANAL

Ce mécanisme cybernétique satisfait aux principes de mise en œuvre suivants :

1.      Principe d’extériorité ou de séparation : les composants ne se compénétrent pas. Le message est distinct de l’émetteur et du récepteur ainsi que du canal. Les éléments qui le composent sont discrets, chacun pouvant en dernière analyse se ramener à la forme binaire du oui/non, unité de mesure (en bit) de l’information transmise. On dit que le message est digital.

2.      Principe de séquentialité : l’opération de communication est univoque. A un moment de la séquence, la transmission ne s’effectue que dans un seul sens (même si l’écoulement peut s’inverser à un autre moment). De ce fait, émetteur et récepteur ne sont pas, dans l’instant, en situation réciproque.

3.      Principes de conservation et de dégradation de l’information : ils sont complémentaires l’un de l’autre. L’objectif est la transmission parfaite, c’est à dire la conservation intégrale du message de l’émetteur au récepteur. Mais des interventions extérieures peuvent venir contrarier cette conservation du message, introduisant dans celui-ci des impuretés que l’on appelle « bruits ». Le message perd alors en contenu informatif et peut même devenir incompréhensible pour le destinataire.

A ce stade de l’analyse, le problème se déplace vers les conditions d’une bonne transmission. Qu’est-ce qui va faire qu’une suite d’unités discrètes d’information va atteindre le destinataire sans être déformée ? Les conditions à respecter concernent le canal et le message.

-            le canal : Il est la source quasi exclusive du bruit venant interférer avec le message. Sur une ligne téléphonique, ce bruit peut provenir de perturbations atmosphériques (orages,…) ou d’environnement (machines,…). Une cause importante de bruit tient également au nombre de relais qui sont nécessaires pour répéter le message, répétition nécessaire pour éviter au message de s’éteindre.

-            le message : Pour pouvoir circuler dans le canal, le message doit être codé à l’entrée puis décodé à la sortie. On suppose, et c’est là un des postulats les plus discutables de la théorie lorsqu’il va s’agir de communication inter-humaine, que codeur et décodeur sont identiques, c’est à dire participent d’un même langage totalement transparent, univoque et sans ambiguïté.

Cette dernière remarque, survenant après plusieurs autres, conduit à douter de la pertinence du modèle pour représenter correctement la communication inter-humaine, même s’il nous apporte d’utiles instruments d’analyse. Les fondateurs de la théorie de l’information étaient eux-même conscients de cette limite, contrairement à nombre de leurs épigones. « On oublie que Claude Shannon et Norbert Wiener ont autrefois démenti spécifiquement que leur théorie soit pertinente du processus de communication humaine. On oublie que Shannon pensait principalement à la transmission et à l’acquisition de signaux électroniques »[3] 

1 – 3 )  Les fondements de la théorie systémique de la communication

Contre le modèle de l’information, suggéré par la métaphore de la ligne téléphonique et qui réduit la communication inter-humaine à un échange de messages séquentiels à contenu purement digital, le groupe de Palo Alto propose un autre modèle, fondé sur la métaphore de l’orchestre de jazz où dans l’euphorie de l’improvisation, chaque musicien joue en s’accordant en permanence sur les autres. "Ce modèle de la communication n’est pas fondé sur l’image du téléphone ou du ping-pong –un émetteur envoie un message à un récepteur qui devient à son tour un émetteur- mais sur la métaphore de l’orchestre…Mais dans ce vaste orchestre culturel, il n’y a ni chef ni partition. Chacun joue en s’accordant sur l’autre".[4] On ne saurait mieux dire ! La suite de la démarche consistera à tirer toutes les conséquences logiques de cette métaphore.

Dans un tel modèle, l’accent n’est pas mis d’abord sur les acteurs de la communication (destinateur et destinataire car ils se trouvent en perpétuelle interaction et ne peuvent être isolés), ni sur le message communiqué (car on va voir qu’il est largement insaisissable tant dans sa forme que dans son contenu), mais sur l’ensemble du système compris comme un réseau indissociable de relations (principe de globalité systémique). Tout homme en venant au monde se trouve ainsi pris dans ce réseau de relations tissé par la socio-culture. Sa situation est semblable à celle du nouveau musicien qui reçoit un instrument et à qui on demande de se joindre à l’improvisation. Pour lui, ne pas émettre de son c'est encore jouer en produisant… un silence, silence qui sera aussitôt interprété et repris par les autres musiciens."Il n'existe pas de non comportement, même le silence, même la posture du schizo recroquevillé au stade de la catatonie sont un message. L'espace humain est sémiotique et saturé d'affects ; notre espèce ne naît pas dans les choses, mais toujours dans les signes, c'est à dire dans le sens"[5]. C’est pourquoi "on ne peut pas ne pas communiquer" comme le dit Paul Watzlawick dans l’ouvrage princeps de la nouvelle approche qui n’a pas fini de bouleverser les sciences humaines.[6] Tout l’ouvrage consiste d’ailleurs à définir les caractéristiques de la communication inter-humaine, caractéristiques de portée absolument générales car de nature anthropologique.

Pour Watzlawick "toute communication présente deux aspects : le contenu (c’est à dire l’information échangée) et la relation, tels  que le second englobe le premier".[7] Et il précise : "C’est mon intuition personnelle qu’un cinquième peut être, de toute communication humaine sert à l’échange de l’information, tandis que le reste est dévolu à l’interminable processus de définition, confirmation, rejet et redéfinition de la nature de nos relations avec les autres".[8] Si on prend au sérieux cette affirmation, on se trouve conduit à dire que ce qui est important dans la communication n’est pas le message échangé (encore qu’il en faille un) mais la relation de circularité qui se noue entre les protagonistes engagés dans cette communication.

Relation et messages

Relation et messages

DESTINATEUR

DESTINATAIRE


On reconnaît là une boucle de rétroaction, chère à la pensée systémique, mais aussi la figure de base de l’échange symbolique des ethnologues. On sait en systémique qu’une telle boucle doit être étudiée dans sa globalité dynamique en se refusant absolument à disjoindre les deux pôles (ouvrir la boucle constitue même l’erreur majeure et impardonnable !). L’important dans un tel échange est la relation elle-même bien davantage que les messages qui la matérialisent et la signifient. On peut dire, d’une certaine manière, que le message n’est rien d’autre que l’expression matérielle revêtue par la relation ; un physicien parlerait de « relation cristallisée ». C'est pourquoi en communication inter-humaine et s'agissant des messages échangés, la question herméneutique (c'est-à-dire l'interprétation des messages) est véritablement centrale.

1 – 4 )  De quelques concepts de la théorie de la communication

A partir des fondements qui viennent d’être présentés, il est possible de prolonger l’exploration du modèle en précisant quelques concepts.

1. Analogique et digital : La distinction posée par Watzlawick sur les deux aspects  (relationnel et informatif) de la communication, le premier englobant le second, peut être enrichie par une seconde distinction qui la recouvre partiellement et la précise :

§        la communication digitale concerne tout ce qui est de l’ordre de la parole qui décrit et qui organise, du concept, de la carte et du schéma, du nombre. Il s’agit d’un langage qui dispose d’une syntaxe logique complexe et très commode. Bien adapté à la transmission du contenu de la communication (l’information), ce langage est en revanche déficient chaque fois que la relation est au centre de la communication.

§        La communication analogique concerne pratiquement tout le reste, c’est à dire le corps, le geste, la mimique, l’intonation, la place, le rôle et plus largement tous les actes posés par la personne et susceptibles de prendre sens dans le processus de communication. Extraordinairement divers, composites et se déployant dans la durée, les actes sont une forme très puissante de communication analogique, forme très  souvent occultée dans les exposés sur la communication. On peut inclure aussi la parole poétique dans cette forme de communication, car son ambition n’est pas de décrire mais d’évoquer et d’émouvoir. C’est dire que dans l’ordre du mot et du verbal, le glissement du digital à l’analogique est quelquefois très ténu.

Watzlawick pense que l’analogique plonge ses racines dans des périodes archaïques de l’évolution humaine et qu’il a de ce fait une validité plus large que le langage digital, relativement récent et plus abstrait. Mais son défaut est d’être dépourvu d’une syntaxe univoque pour qualifier de manière claire la nature des relations.

Dans le vécu de la communication, l’homme se trouve dans l’obligation de combiner ces deux langages et il doit continuellement les traduire l’un dans l’autre. Comme l’observe Watzlawick : « La difficulté de traduction existe dans les deux sens. Il ne peut y avoir traduction du langage digital en langage analogique sans une perte importante d’information. L’opération contraire présente également des difficultés considérables : pour parler sur la relation, il faut pouvoir trouver une traduction adéquate de la communication analogique en communication digitale ».

2.  Indiciel et iconique : Sur la base de la distinction précédente, est-il possible de pousser un peu plus loin l’analyse ? Il semble que oui si l’on veut bien se rappeler que les sémiologues distinguent deux types de communication analogique :

§         l’indiciel caractérise une communication dans laquelle le message fait corps avec son médium, le signe avec la chose signifiée. L’échange viral est un exemple de cette communication indicielle qui tend à confondre le médium, le  "message" et les partenaires de l’échange. Le virus de la peste n’est pas la peste mais il en est potentiellement porteur lors de l’échange. Sur le mode de la "présence réelle" l’indiciel joue ainsi sur les échanges vitaux, le registre des affects et des interrogations existentielles.

§         l’iconique caractérise une communication dans laquelle le médium est un signe "ressemblant" à la chose communiquée mais n’est pas la chose. Il évoque directement la chose par sa forme ou son apparence, et sans passer par la médiation des mots. La communication iconique est à la base de la plupart des arts et des rituels, lesquels par leur grande puissance d’évocation réussissent à faire communier les hommes là où la parole se montre impuissante.

Explicitons ces différents modes de communication au moyen d'un exemple emprunté à la vie courante et qui est celui de la relation amoureuse. Lorsque des amoureux échangent un baiser, ils sont dans l'indiciel; quand ils se font des cadeaux, ils sont dans l'iconique; lorsqu'il s'adressent des lettres d'amour, ils sont dans le digital.

3. Symétrique et complémentaire : Il s’agit ici de décrire des relations fondées soit sur la ressemblance, soit sur la différence. Dans la première, les protagonistes cherchent à minimiser la différence, dans la seconde à la maximiser.

§         relation symétrique : les partenaires ont tendance à adopter un comportement en miroir. Un tel comportement s’observe par exemple dans les phénomènes de rivalité et de concurrence ; il n’est pas sans évoquer ce que René Girard[9] appelle le désir mimétique.

§         relation complémentaire : le comportement de l’un des partenaires complète celui de l’autre. Dans cette relation, il y a deux positions possibles : la supérieure ou haute, l’inférieure ou basse. Il ne faut pas voir dans ces termes, qui sont très commodes, une connotation morale. Le contexte social ou culturel prescrit d’ailleurs dans de nombreux cas une relation complémentaire : par exemple mère/enfant, médecin/malade, professeur/élève.

Relations symétriques et complémentaires peuvent être le lieu de troubles pathologiques venant affecter gravement la communication : escalade pour la symétrie (la réciprocité mauvaise de René Girard), rigidité pour la complémentarité (structures d’oppression par exemple). Ces effets manifestent le caractère ago-antagoniste de la boucle de communication qui peut tout aussi bien déboucher sur un équilibre (sain ou pathologique) que sur un déséquilibre explosif.

4. Ponctuation de la séquence des échanges : Il s’agit de l’effet pervers que provoque un des partenaires (ou un observateur extérieur) lorsqu’il veut de toute force traiter la boucle de rétroaction du processus communicationnel sur le mode de la causalité linéaire… c’est à dire faire retour à la théorie de l’information.

Entre destinateur et destinataire existe un flux continu et ininterrompu (analogique et digital) de communication. Parler alors de commencement et de fin pour désigner un des moments de ce flux circulant n’a strictement aucun sens. Il faut abandonner l’idée qu’un événement a est premier et qu’un événement b est déterminé par l’existence de a, car on pourrait tout aussi bien prétendre l’inverse selon le point, arbitraire, où l’on choisit de couper la boucle de rétroaction.

Il se trouve cependant que les êtres humains engagés dans une interaction ont constamment recours à ce type de raisonnement. Appliquant spontanément la théorie de l’information, ils cherchent à isoler dans le flux des messages des séquences plus ou moins identifiables. Leur tentation est alors d’introduire une ponctuation dans ces séquences, par exemple une émission de A qui va produire sur B un effet (on se trouve alors autorisé à parler de la « psychologie » de B), lequel B répondra par une ré-émission vers A,…et ainsi de suite. L’ennui est que cette ponctuation, vue par chacun des partenaires, n’est pas forcément identique, même si nous avons heureusement en commun lorsque l’on appartient à une même culture, beaucoup de conventions de ponctuation (ce qui permet de structurer nombre d’interactions à la fois banales et importantes).

Le désaccord sur la manière de ponctuer une séquence d’échanges est à l’origine d’innombrables conflits qui portent sur la relation. Watzlawick note que dans la psychothérapie des couples, on est souvent frappé de cette "distorsion de réalité" chez les deux partenaires. Les relations sociales dans les entreprises, les relations politiques, les relations internationales, abondent de modèles pathologiques analogues (par exemple la lutte des classes, la course aux armements, etc.).

5. Méta-communication et recadrage : Lorsque nous prenons conscience du caractère totalisant de la communication (la métaphore de l’orchestre) et de la logique qui sous-tend les interactions, nous ne cessons pas pour autant de faire partie du système, mais nous communiquons alors sur la communication.

Cette méta-communication peut s’avérer particulièrement utile pour sortir d’une situation de blocage de la communication. C’est par exemple le cas d’un débat entre spécialistes n’ayant pas étalonné leur vocabulaire ; une méta-communication sur la terminologie, au moyen du langage naturel et venant en préliminaire de l’échange des arguments sur le fond, a alors de grandes chances de débloquer la situation.

Quand la pathologie concerne la relation, le déblocage est autrement plus délicat. Il n’existe pas dans ce cas un langage pour méta-communiquer, contrairement à l’exemple précédent. Nous nous trouvons en effet limités au langage naturel pour véhiculer à la fois communication et méta-communication. Et la pathologie relative à la communication vient contaminer en permanence les tentatives pour méta-communiquer, ce que les psychothérapeutes connaissent d’expérience.

Il arrive cependant que pour des partenaires engagés dans une communication déficiente, la découverte d’une voie possible pour méta-communiquer les conduise à voir de manière tout à fait nouvelle la situation….et à imaginer des réponses qui sortent entièrement le problème de son cadre logique d’origine. Ce processus a été décrit par Watzlawick sous le nom de recadrage. Il n’est sans doute pas étranger aux phénomènes spirituels connus sous le nom de conversions.[10]

2 - Communication et herméneutique

Même si, comme le pense Watzlawick, la communication digitale est d'origine relativement récente, il n'en demeure pas moins que son rôle est essentiel dans l'histoire de l'humanité ; en particulier à partir du moment où grâce à l'invention de l'écriture vont apparaître les grandes civilisations. Elle intervient en complexifiant considérablement le jeu des relations inter-humaines, en le rendant encore plus impénétrable et imprévisible car l'ouvrant plus largement sur l'ordre symbolique, ce nouvel univers qui caractérise l’espèce humaine prise dans sa totalité, et au sein duquel les choses et l'histoire peuvent prendre sens. C'est cela que je souhaite maintenant montrer.

2 – 1 )  Par delà le réductionnisme linguistique, l'au-delà du sens

Les systémiciens se sont assez peu intéressés à la linguistique et lorsqu'ils l'ont fait, ce fut pour en dénoncer le caractère réducteur, pour ne pas dire totalitaire, car oublieux du contexte communicationnel dans lequel s'inscrit tout échange verbal. "La linguistique contemporaine éprouve des difficultés à théoriser le contexte" note François Rastier[11]. Et pour lui le contexte renvoie non seulement aux positions respectives du destinateur et du destinataire, à la nature de leurs relations exprimée davantage sous forme analogique que digitale comme précédemment montré, mais aussi à l'univers commun de leurs représentations. Même le message digital le plus rigoureusement codifié, comme se veut être par exemple un article scientifique, ne peut s'interpréter indépendamment de son contexte ; et à fortiori en va-t-il du langage naturel qui est toujours polysémique et ambigu.

Ambivalence des énoncés, filtrage du destinataire, stratégie de mise en valeur de soi ou de manipulation d'autrui,…la communication digitale est un acte hautement complexe qui ne saurait se réduire à la conception transparente qu'en donne la théorie de l'information. Il y a en elle une irréductible obscurité, une équivocité du sens qui rendent indispensables, de la part du destinataire, un travail sans cesse recommencé d'interprétation.

            Réfléchissant sur les conditions de ce travail et soucieux de dépasser le discours classique de la linguistique, François Rastier[12] est conduit à définir quatre ordres ou niveaux de description:

·        l'ordre syntagmatique renvoie à tout ce qui touche à la mise en forme du langage aussi bien dans son cadre temporel (linéarisation vocale) que spatial (linéarisation écrite). La syntaxe en fait naturellement partie.

·        l'ordre référentiel engage traditionnellement les rapports entre d'une part les signes du langage (les signifiants) et d'autre part les concepts et les choses (les signifiés et les référents).

Pour Rastier, "la linguistique contemporaine a voulu se limiter à l'ordre syntagmatique, abordé par la syntaxe, et à l'ordre référentiel, identifié sans raisons à la sémantique… et son positivisme…l'a conduite à ne pas considérer comme observables les ordres paradigmatique et herméneutique" dont il va être question maintenant.

·        l'ordre paradigmatique est celui de l'association codifiée. Une unité linguistique n'existe pas en soi ; elle ne prend sa valeur que relativement à d'autres qui sont commutables avec elle, qui lui sont voisines et qui forment son paradigme de définition. De proche en proche, c'est même l'ensemble des éléments de la langue qui se trouve visé (principe de globalité). Cette caractéristique des langues, qui concerne aussi bien leurs signifiés que leur signifiants, ouvre une richesse illimitée de combinaisons qui rend possible la plurivocité des significations, telles qu'on la rencontre par exemple dans le langage symbolique ou poétique.

·        l'ordre herméneutique concerne les conditions de production et d'interprétation des textes. Il renvoie, selon Rastier, aux phénomènes de la communication inter-humaine tels que présentés dans la précédente section ; "mais il les dépasse car il inclut (aussi) les situations de communication codifiée, différée et non nécessairement interpersonnelle. Il est inséparable de la situation historique et culturelle de la production et de l'interprétation". Comme il sera montré au prochain paragraphe, il renvoie à un "univers symbolique", de nature sociale et culturelle, qui déborde les situations particulières du rédacteur et des lecteurs, lesquels sont toujours conditionnés par leur appartenance, souvent inconsciente, à cet univers d'où ils ont reçu leurs premières représentations et manières de voir le monde.

            Ordres paradigmatique et surtout herméneutique traduisent ainsi l'extraordinaire complexité attachée à la lecture et à l'interprétation d'un texte dont le sens ne saurait préexister en dehors de ses conditions d'énonciation et de réception. Selon Hans Georg Gadamer[13], trois caractéristiques président à tout travail d'interprétation, relevant d'une véritable ontogenèse du sens pour le lecteur :

-         un aller/retour perpétuel, en forme de boucle de rétroaction, entre le lecteur qui anticipe le sens et le texte lui-même. "Quiconque veut comprendre un texte a toujours un projet. Dès qu'il se dessine un premier sens dans le texte, l'interprète anticipe un sens pour le tout… C'est dans l'élaboration d'un tel projet anticipant, constamment révisé il est vrai sur la base de ce qui ressort de la pénétration ultérieure du texte, que consiste la compréhension de ce qui s'offre à lire" (Gadamer, p.104).

-         un va-et-vient continuel du tout à la partie et de la partie au tout (encore une boucle de rétroaction !), va-et-vient qui se stabilisera avec la venue de la cohérence. "La justesse de la compréhension a toujours pour critère la concordance de tous les détails avec le tout. Si cette concordance fait défaut, c'est que la compréhension fait défaut" (Gadamer, p.131).

-         une cohérence nécessaire mais qui n'a rien d'absolu et doit rester ouverte à la ré-interprétation. "La mise en lumière du sens véritable contenu dans le texte… n'arrive pas  à son terme en un point précis. C'est en vérité, un processus illimité… il naît sans cesse de nouvelles sources de compréhension qui révèlent des rapports de sens insoupçonnés" (Gadamer, p.138).

Ainsi, l'interprétation d'un texte ne découle pas mécaniquement de l'analyse logique de l'assemblage de ses signifiants, elle ne peut jamais être donnée une fois pour toutes ni prétendre à une totale transparence (contrairement à l'illusion d'une "langue parfaite" et à ce que suggère la théorie de l'information). Cette interprétation débouche nécessairement sur la production de nouvelles significations, et ce, du fait de la causalité circulaire instaurée entre le texte et son "contexte". C'est même à cette capacité de ré-interprétation, particulièrement lorsqu'il s'agit de  "grands textes" (Ecritures fondatrices d’une religion par exemple), que l'on voit généralement qu'un tel texte est à la source d'une tradition vivante.

            Sous le nom de boucle herméneutique, le processus qui vient d'être décrit peut se schématiser par une boucle de rétroaction potentiellement ago-antagoniste, c'est-à-dire pouvant suivant les circonstances et les moments, jouer en faveur:

·      d'une lecture littérale et figée (rétroaction stabilisatrice dite négative). La cohérence du texte élimine les interprétations déviantes et l'interprétation orthodoxe vient confirmer la littéralité du texte. S'agissant d'un texte religieux, cela s'appelle une lecture fondamentaliste.

·      d'une lecture ouverte et évolutive (rétroaction amplificatrice dite positive). La polysémie du texte autorise une pluralité d'interprétations et une interprétation nouvelle, rendue possible par les évolutions survenues dans l'environnement socioculturel, ouvre sur le texte des aperçus insoupçonnés jusqu'alors. Ainsi, par exemple, de la lecture psychanalytique des Evangiles faite par Françoise Dolto[14].

                                                            Validation d'une cohérence

    Texte

Interprétation

      


Produit                                                                                                                                                                            Fabriqué par le

par l'auteur                                                                                                                                                                      lecteur sous les

dans un cadre                                                                                                                                                                   influences de la

socioculturel                                                                                                                                                                    socioculture de    

particulier                                                                                                                                                        son lieu et de                                                              son époque

                                                            

                                                             Projection d'un sens

2 –2 )  L'univers symbolique

L'importance des ordres paradigmatique et herméneutique dans la communication digitale conduit à mettre l'accent  sur l'univers des représentations, ce troisième monde de Karl Popper, monde symbolique extérieur aux acteurs (locuteurs et interprètes) de la communication et qui s'impose à eux. Contrairement à une vision purement individualiste du comportement de l'acteur, supposé producteur autonome de ses idées et qui déciderait librement selon ses intérêts (c'est le postulat de base du libéralisme économique et de la sociologie des organisations), celui-ci agit le plus souvent sous l'emprise de représentations sociales (croyances, normes, modèles, valeurs,…) plus ou moins profondément intériorisées (sous formes consciente et inconsciente) et qui lui dictent ce qu'il convient de faire dans les diverses circonstances de la vie. Agir autrement reviendrait pour l'acteur à se couper de sa société et de son groupe d'appartenance, groupe au sein duquel il puise les éléments de son identité sociale et dont dépend son existence en tant que personne.

A cet ensemble de représentations sociales, les anthropologues ont depuis longtemps donné le nom de culture, notion essentielle pour qui veut comprendre le fonctionnement d'une société et que l'UNESCO a repris en 1982, dans sa définition de la culture.[15] Que l'univers symbolique de la culture conditionne fortement, voire détermine de manière quasi-impérative le comportement des hommes, voilà qui peut sembler évident. Mais d'où provient alors la "consistance" d'un tel univers qui semble se tenir au-dessus des acteurs, dans une sorte de transcendance à l'image du ciel platonicien des idées ?

Pour les positivistes, tenants du réductionnisme individualiste, un tel univers symbolique n'a qu'une apparence d’existence. Seuls existent les individus, et la culture comme la société ne sont rien d'autre que le résultat de leurs rencontres aléatoires et fugaces. Contre ce réductionnisme, nombreux sont les systémiciens [16] à  avoir élevé une protestation et proposé une réponse plus subtile, bien dans l'esprit de la vision globale et émergentiste de la systémique. Cette réponse s'exprime par une boucle de rétroaction, naturellement ago-antagoniste et dans laquelle s'articulent en permanence culture et jeu des acteurs.

2

1

Acteurs

Culture


·        Par leurs pratiques, leurs conflits, leurs ajustements, les acteurs construisent (de manière intentionnelle et non intentionnelle) des représentations, des normes, des règles, des valeurs. Ceci est représenté par la flèche 1 qui en quelque sorte fait émerger la culture du "bruit" des acteurs (conformément au principe de Von Foerster).

·        Les représentations, cristallisées en corpus culturel, viennent à leur tour contraindre, orienter ou limiter les comportements des acteurs. Ceci est traduit par la flèche 2, expression des conditionnements que la culture fait peser, de par sa seule existence et sans contrainte par corps, sur le jeu des acteurs.

Un tel ajustement est à concevoir comme une recherche perpétuelle d'équilibration se déroulant dans le temps. Comme pour toute boucle ago-antagoniste, cet ajustement s'exprimera suivant le cas sous forme d'une tendance au maintien du statu-quo (rétroaction négative) ou d'un processus cumulatif de changement (rétroaction positive). Emanation des acteurs sur la longue durée, la culture se présente ainsi comme les surplombant et s'imposant à eux dans l'immédiat.

2 – 3 )  Les quatre grandes modalités du langage digital

La complexité de la communication digitale, dont on vient de prendre la mesure, se trouve encore accrue du fait que suivant les lieux, les moments et les circonstances de la vie, elle est susceptible de revêtir plusieurs modalités. Pour les besoins de l'analyse, on peut identifier quatre grands idéaux-types de langage digital : expressif, performatif, argumentatif et informatif. Bien entendu, ces types purs se trouvent toujours présents, selon des proportions variables, dans une communication réelle. On peut supposer qu’aux origines de l'humanité ces modalités langagières étaient indifférenciées, c'est à dire que la parole humaine mélangeait indistinctement les quatre registres. Mais le mouvement de l'histoire et l'avènement des premières grandes civilisations, avec en particulier l'invention de l'écriture, ont conduit peu à peu à une spécialisation de ces modes de communication .

1.      le mode expressif : C’est sans doute le plus proche de la communication analogique. Il vise à exprimer les sentiments, l'émotion et à faire advenir chez l'auditeur une émotion semblable. On va y rencontrer tout ce qui relève du conte, du récit, du mythe, mais aussi de la poésie dont le discours rythmé se prête au chant et à l'accompagnement musical ou dansant. Dans les sociétés modernes, le mode expressif va nourrir l'univers de la littérature.

2.      le mode performatif : La parole n'est plus ici considérée comme l'expression d'une pensée. Elle se définit comme la recherche d'une "transformation" dans une relation entre deux ou plusieurs personnes. Bien loin de rester au seul niveau des représentations, la parole opère directement par elle-même. "Dire, c'est faire" selon la formule du linguiste et  philosophe britannique John Austin[17] qui le premier a mis en évidence cette propriété. Ses travaux portaient sur les verbes performatifs, c'est à dire ceux qui ont pour caractéristique d'effectuer une action par le seul fait d'être prononcés : je promets, je m'engage, je donne ma parole, je déclare la séance ouverte, je te baptise, je te prends pour épouse, je signe (une pétition), etc. Après le prononcé d'une telle parole, rien n'est plus comme avant. La parole a été dite et il est très difficile de faire marche arrière ou comme on dit de se dédire.

On peut supposer que dans les sociétés archaïques, ce rôle performatif de la parole a été très important pour structurer, sous forme contractuelle, les alliances matrimoniales, les rapports entre groupes, les traités entre tribus et entre cités. Le droit peut être considéré, à certains égards, comme l’héritier du mode performatif.

3.      le mode informatif : Selon Edgar Morin, il émerge dès le paléolithique pour les besoins des grandes chasses[18], lesquelles supposent de mettre en œuvre des coordinations délicates et précises. Mais c'est dans les cités-Etats de l'Antiquité, avec l'invention de l'écriture, que le mode informatif va connaître un grand saut quantitatif. Véritable mémoire collective externalisée, rendue nécessaire par la multiplication des biens et la spécialisation des tâches, l'écriture remplit une fonction d'inventaire et d'enregistrement. Exigeant un lexique et un code communs, l'écriture porte déjà en germe ce que deviendra la communication informationnelle dans les sociétés modernes, avec l'invention de l'informatique et de toutes les techniques qui lui sont associées.

Recherchant, à l'image de la logique mathématique, la "langue parfaite" fondée sur un code rigoureux et parfaitement univoque, prétendant à la transparence quasi-totale du message, la communication informationnelle obéit sur bien des points à la théorie de l'information. L'homme y est considéré comme un dispositif à traiter de l'information, dont le fonctionnement nous est sans doute encore en partie inconnu, mais qu'à force de travail la science réussira un jour à expliquer. Il apparaît sans véritable intériorité, à la fois totalement social et sans enracinement communautaire; la communication analogique est niée et la rencontre physique réduite à une consommation des corps.

4.      le mode argumentatif : Sous l'appellation de rhétorique, ce mode émerge peu à peu au cours de l'Antiquité grecque. Selon Philippe Breton[19], "la rhétorique est inventée en Sicile grecque, au 5ème siècle avant JC, dans le cadre de procès en propriété où les citoyens doivent convaincre des jurys populaires de la légitimité de leurs droits. Les rhéteurs mettent au point à cette époque l'ordre canonique des parties du discours, c'est à dire le standard d'exposition qui est censé être le plus persuasif". Depuis l'Antiquité et jusqu'à  aujourd'hui, le paradigme argumentatif aura nourri le discours politique, le débat de société, la confrontation pacifiée des opinions "puisqu'il propose de remplacer la violence par la parole..(car) ma parole vaut la votre". Il existe donc une connivence étroite entre l'invention de la démocratie, du libre débat, et l'invention de la rhétorique. Et c'est bien pourquoi la communication argumentative a à voir avec ce qu'on appelle l'humanisme. "L'homme est le seul être vivant qui argumente" et il le fait sous la forme d'une parole qui en appelle à l'intelligence et à la rationalité, mais une rationalité ouverte, qui n'exclut pas bien au contraire, le recours à l'image, au symbole, à la métaphore, à l'analogie, toutes choses dont la pensée complexe et la systémique découvrent aujourd'hui l'importance. C'est pourquoi, selon le paradigme argumentatif, l'homme est doté d'une intériorité, une intériorité requise pour se forger une conviction à partir de conjectures sur le plausible et le vraisemblable, pour choisir sa "vérité" et non se soumettre passivement à une "vérité objective et absolue" qui lui vient de l'extérieur.

Toujours selon Philippe Breton, si la rhétorique fut largement enseignée de l'antiquité gréco-romaine à

la Renaissance

pour conserver ensuite, jusqu'en 1902, une place modeste dans l'enseignement secondaire français, elle sera progressivement mise en pièce par le positivisme. Pour Breton, "Le point de départ de

la Méthode

de Descartes est en effet le désir affiché de liquider la rhétorique. L'idée qui sous-tend

la Méthode

est que toute possibilité de discussion sur un fait le rend simplement probable, et que ce qui est simplement probable est sûrement faux. La culture de l'évidence rationnelle va progressivement conquérir une partie de l'espace occupé par la culture de l'argumentation. Le savoir moderne, en tendant à la recherche d'un langage universel, oublie jusqu'à les mépriser les ressources de la parole humaine. Le 19ème et 20ème siècles oublient temporairement la rhétorique et celle-ci ne trouve plus guère de place… dans l'apologie systématique du rationalisme scientifique
[20]".

La pré-éminence actuelle, dans la communication digitale, du mode informatif sur tous les autres est l'expression de cette situation… alors même que le mode argumentatif, comme Philippe Breton l'a montré, est de loin le plus complexe, celui qui s'inscrit le mieux dans la théorie systémique de la communication. C'est pourquoi celui-ci peut écrire que la communication interpersonnelle d'aujourd'hui souffre d'un "déficit argumentatif". On notera également, avec Pierre-Yves Raccah,[21] que cette "conception logiciste" du langage fait violence aux langues naturelles qui sont toujours des combinaisons en proportion variable des quatre modes et  ne peuvent jamais être réduites à des systèmes univoques de désignation d’objets et de concepts. Pour Raccah, "les langues naturelles sont trop riches pour que les sens que les locuteurs ont à construire en comprenant un énoncé soient réductibles à des concepts logiques". Cette réduction n’est justifiée que "dans les sous-langages techniques ou scientifiques des langues naturelles…(lesquels) ne peuvent remplir cette fonction qu’après un travail collectif bien précis…et ne sont interprétables que dans des contextes très particuliers, qui caractérisent la culture scientifique".

2 – 4 )  Traduire l'analogique en digital

Même si dans la communication inter-humaine, le langage analogique s'avère très souvent plus important que le langage digital, il n'en reste pas moins que dans une société culturellement évoluée, façonnée par l'univers symbolique, le langage digital (paroles et écriture) est incontournable dans le processus de communication. Et c'est lui qui se trouve le plus valorisé car le plus élaboré intellectuellement et le plus opératoire socialement.

Un problème de traduction analogique/digital se pose donc, avec tous les risque en  perte d'information et de sens que cela comporte. Watzlawick nous a prévenu: "pour parler sur la relation, il faut pouvoir trouver une traduction adéquate de la communication analogique en communication digitale". Comme confier à la parole et plus encore à l'écrit ce qui est de l'ordre de l'indicible ? Ce problème court tout au long de l'histoire de l'humanité et s'est posé plus particulièrement lorsqu'il s'est agi d'exprimer des expériences fondatrices pour une personne, un groupe humain, un peuple.

            On ne sera donc pas surpris de constater que ce problème de traduction, et par voie de conséquence d'herméneutique, existe toujours à propos des grands textes fondateurs des traditions religieuses, textes qui renvoient à une expérience du sacré, du transcendant, du mystère divin,… (les termes importent peu à ce stade de l'observation) que des hommes ont pu faire à un moment de leur histoire. Comment retrouver dans les mots ossifiés d'un livre poussiéreux ce qui fut pour des hommes une parole vivante ? Il n'est pas sans intérêt de rechercher comment les rédacteurs de l'un des livres les plus "sacrés" de l'humanité, a savoir

la Bible

, ont essayé de répondre à cette question.

Au cours des douze siècles de l'histoire d'Israël, les scribes juifs ont multiplié les versions différentes, sinon divergentes, des évènements fondateurs de leur nation et de sa croyance (l'exode, la captivité à Babylone, le retour d'exil,…) Puis les chrétiens ont fait de même s'agissant de l'événement qui pour eux est fondateur, à savoir la vie, la mort et les apparitions du Christ ressuscité. Ceci a pu être obtenu grâce à la pluralité des formes littéraires utilisées : le récit, le poème, le mythe, le texte de sagesse, l'oracle, le commentaire, l'exhortation, etc. A cet effet, les quatre modalités du langage digital ont été mises à contribution, mais plus particulièrement le mode  expressif, pour tout ce qui renvoie au récit, au conte, au mythe, à la poésie et le mode argumentatif pour la plupart des autres écrits. Le mode informatif, sous la forme d'une théologie conceptuelle se voulant rigoureuse et précise, ne fait qu'une timide et tardive apparition, et encore celle-ci est-elle le plus souvent noyée au sein d'une rhétorique argumentative faisant un large appel à l'image, à l'analogie, à la parabole, à une grande variété de figures de style. Parmi ces dernières, deux s'avèrent d'utilisation particulièrement fréquente :

·        la métaphore* qui repose sur une analogie ou comparaison par laquelle le comparé est   désigné et décrit à partir du comparant. Ainsi de la célèbre métaphore biologique du corps et des membres, largement utilisée par les rhéteurs antiques pour parler du corps social et dont saint Paul se sert à propos de l'Eglise (1Co, 12,12-31). Par sa puissance d'évocation, la métaphore n'est pas sans présenter quelque ressemblance avec l'iconique en communication analogique.

·        la métonymie* qui substitue la partie au tout pour désigner ce dernier. Par sa force d'identification, la métonymie n'est pas non plus sans présenter quelque similitude avec l'indiciel en communication analogique. Ainsi de la substitution du pain et du vin à la personne du Christ dans le récit du dernier repas donné par les évangiles.

On comprend  alors pourquoi le récit est sans doute le genre littéraire qui se prête le mieux à cette traduction de l'analogique en digital. Combinant largement les modes expressif et argumentatif,  n’excluant pas l'informatif (notamment tout ce qui a trait à son historicité), le récit présente des caractéristiques exceptionnelles qui le rendent propre à faire percevoir par des mots, et surtout par delà les mots, tout ce qui se joue dans une communication analogique, particulièrement ces communications qui sont fondatrices dans l'histoire d'une personne ou d'un groupe humain (la naissance d'un amour, la traversée en commun d'une épreuve, l'expérience d'une révélation, etc.). C'est pourquoi le principe de narrativité, fondement de tout récit, est aujourd'hui objet d'étude de la part des philologues, des anthropologues et aussi des théologiens.

En guise de conclusion

J'espère en avoir désormais convaincu mon lecteur : en matière de dynamique relationnelle et de régulation des systèmes, la communication inter-humaine est ce qui existe au monde de plus complexe ! Elle met d'abord les hommes en relation selon les formes particulièrement élaborées et complexes décrites par la théorie systémique de la communication : dualité des langages analogique et digital, modalités multiples de chacun de ces langages, caractère ago-antagoniste de l'interaction,… Mais elle les met aussi en relation avec un univers symbolique qui déborde chaque individu, chaque groupe et même chaque langue particulière et renvoie indirectement à l'histoire globale de l'humanité, à la formation de ses symboles, de ses mythes fondateurs, de ses croyances.

                                                               

                                                                        Gérard Donnadieu,  Avril 2003

                                                                        

Wadgh n yizdar hat yan adnin agtid osigh


                                        

LA COMMUNICATION


                                      " Rien n’est plus subjectif que l’information.

Celle que l’on a cru donner, celle que l’on a cru entendre, celle que l’on a cru bien diffuser 

celle que l’on a voulu aller chercher et celle que l’on a voulu écouter "

Un service des communications sert surtout à diffuser de l’information. Mais la communication, dans le sens de dialogue, de partage de parole et d’écoute mutuelle, est de la responsabilité de chacun. Cependant, l’Université fait-elle tout ce qui est possible pour susciter ces échanges ou bien nos mentalités les freinent-ils ? Il n’est pas une table ronde dans les facultés et les services où ce thème n’a pas fait l’objet de longues discussions. Pierre angulaire de la vie d’une grande communauté telle la communauté universitaire, la communication est sans aucun doute l’un des points forts dans le maintien du sentiment d’appartenance. 

Le terme de communication est sujet à de nombreuses interprétations. Quoi qu’il en soit, au cours de notre étude, trois aspects ont été évoqués par tous : 1) la communication entre les personnes, 2) la communication de l’information et 3) la communication avec le milieu extérieur à l’Université. Ces trois points seront donc traités dans cette partie de l’avis.
 
 
 
 

LA COMMUNICATION ENTRE

LES MEMBRES DE

LA COMMUNAUTÉ UNIVERSITAIRE

 

La richesse d’un campus universitaire est sans aucun doute la variété de la formation donnée, la variété des genres humains et des concepts intellectuels. L’Université profite-t-elle de cette richesse intellectuelle ? Or que ressentent ou perçoivent les membres de notre communauté ? 

L’animation des tables rondes où toutes les catégories du personnel d’une faculté ou d’un service étaient rassemblées pour échanger a sans aucun doute été un moment privilégié où chacun s’est senti consulté, considéré et écouté. N’est-ce pas l’occasion pour la direction de l’Université, pour chaque doyen ou directeur de service de prendre cet exemple pour animer des rencontres périodiques ? 

Finalement, bien que conscient des charges de travail des membres de la direction de l’Université, l’ensemble du personnel de la communauté universitaire souhaite que la direction fasse, à l’occasion, des visites dans les facultés et les services pour échanger sur des sujets divers et surtout pour être écouté. Cela se fait déjà à la demande de certains doyens et directeurs de services. Les membres de

la Commission

le savent, mais ils sont les seuls. 

Le défi d’une société telle l’Université ne pourrait-il pas être le rétablissement de la communication humaine ? 

La Commission

recommande : 

Recommandation 51 

Que la direction de l’Université fasse un rapport annuel qui serait déposé au Conseil universitaire pour faire connaître les moyens qu’elle a utilisés pour susciter et encourager la communication entre les différentes composantes de l’Université.
 

Plus particulièrement

la Commission

recommande : 

  • Que les doyens et les directeurs de service organisent annuellement des réunions avec des représentants de l’ensemble de leurs membres afin d’échanger sur des sujets propices à améliorer les relations humaines de leur faculté ou service. 
  • Qu’à leur demande, des membres de la direction de l’Université viennent régulièrement rencontrer les membres de chaque faculté et service. 
  • Que chaque vice-recteur s’assure d’instaurer une communication efficace dans son champ d’intervention et qu’il veille à ce que ces communications s’inscrivent dans un plan d’ensemble et touchent toute la communauté universitaire. 
  • Que chaque doyen ou directeur de service fasse un rapport annuel qui serait déposé au Conseil universitaire pour faire connaître les moyens qu’il a utilisés pour susciter et encourager la communication et l’échange dans sa faculté ou son service. 

LA DIFFUSION DE

L’INFORMATION 

Les moyens de communication sont relativement nombreux à l’Université Laval; cependant il semble qu’ils soient trop directionnels. La perception des membres de la communauté est que l’information va de la direction vers les facultés et services mais que l’inverse est plus rare. Autre constat : si une multitude d’informations est largement diffusée, la majorité des membres de la communauté ne la reçoit pas ou ne s’en enquiert pas. Pourquoi ? 

La grande majorité des lecteurs de " Au Fil des événements " trouve ce journal indispensable mais souhaite qu’il soit, outre une gazette officielle de l’Université, un instrument de communication entre tous les membres de la communauté universitaire. 

La Commission

recommande : 

Recommandation 52 

Que l’Université Laval, en concertation avec le service des communications, prenne tous les moyens pour développer son journal " Au fil des événements " et susciter l’envie de toute la communauté d’y participer.
 

Plus particulièrement

la Commission

recommande : 

  • Que l’Université Laval fasse de son journal " Au fil des événements ", non seulement un bulletin d’informations, mais aussi un journal de débats, de valorisation de tous les membres de la communauté universitaire et qu’une revue de presse des journaux d’autres universités y soit intégrée. 
  • Que l’Université Laval prenne les moyens pour que le journal de l’Université " Au fil des événements " se développe, soit accessible aux diplômés, aux membres de la formation continue, aux membres du gouvernement, ainsi qu’aux membres de

    la Commission

    de

    la Capitale Nationale

    , des retraités, etc.
     
  • Que L’Université, à travers ses différents médias d’information, consacre des espaces particuliers et distincts à la participation à la vie universitaire et qu’elle recense les activités ayant lieu sur le campus et hors campus afin qu’elles soient mieux diffusées. (Recommandation dans l’avis sur la participation des étudiants à la vie universitaire, CAE). 
  • Que la direction des Ressources humaines travaille en relation avec le service des communications pour développer des outils simples mais efficaces pour la diffusion de l’information interne. 
  • Que le service des communications utilise le système Vidéo-Campus pour valoriser le personnel, annoncer les nominations, etc. Mais ce système est-il efficace ? 
  • Que le journal " Au Fil des événements " publie régulièrement une page ouverte aux associations étudiantes et aux facultés et services. 
  • Que le journal " Au Fil des événements " présente régulièrement des portraits d’étudiants, de professeurs, d’employés sur le modèle des " ZOOM sur les étudiants des 2e et 3e cycles ". 
  • Que le service des communications s’enquière régulièrement auprès des facultés et services des informations à diffuser et que, réciproquement, les facultés et services fournissent leurs informations et communication au service des communications. 

LA COMMUNICATION AVEC

LE MILIEU
 
 

" Il est grand temps que la région réalise que lorsque l’on fait mal à l’Université Laval, c’est à toute la région que l’on fait mal… " 

Jean-Paul L’Allier, maire de Québec 

Forum économique Québec Chaudière-Appalaches 

23 février 1999.


 

L’Université doit s’ouvrir sur le monde. Les efforts sont remarquables avec, par exemple, la création du bureau international. Il est indispensable de continuer à développer cette orientation. Cependant, malgré cette ouverture internationale, il ne faut pas oublier qu’il est aussi primordial de s’ouvrir dans notre propre milieu. La presse locale a un rôle majeur à jouer à ce niveau. Mais hélas, quelle est l’image que donne la presse locale de notre Université ? Les articles sont-ils représentatifs de la qualité des réalisations de notre institution ? Les articles sont-ils représentatifs de notre vie universitaire ? Les articles ou les éditoriaux sont-ils constructifs ? Facilité journalistique peut-être ou manque d’informations ? Le constat est là ; la presse locale prend plus de plaisir à détruire qu’à diffuser la qualité des réalisations de l’Université. Problèmes de communication ou de méconnaissance ? Peut-être. Sommes-nous fautifs ou est-ce plutôt un problème de relation avec certains médias locaux (car cela n’est pas le cas au niveau provincial) ? 

Peut-on développer une fierté d’appartenir à l’Université Laval quand une partie de la presse nous donne une image négative ? 

La Commission

recommande : 

Recommandation 53 

Que l’Université Laval établisse un partenariat avec le milieu journalistique universitaire, local, régional, provincial et international.
 

Plus particulièrement

la Commission

recommande : 

        -  Que dans chaque faculté et dans chaque service soit créé un comité de presse qui, régulièrement, transmettrait ses informations pertinentes au service des communications.
        -  Que le service des communications trouve les moyens concrets pour que la presse soit consciente des réalisations et des succès de tous les membres de la communauté universitaire.

        -  Que l’Université renforce ses moyens pour que les municipalités de la région soient sensibilisées aux réalisations de ses membres. 


[1] MAUSS M. :  Essai sur le don, Sociologie et anthropologie, PUF 1950.

(*) NB : Ce phénomène d'escalade a été observé par de nombreux ethnologues, notamment par Franz Boas sous l'appellation de potlatch dans des tribus du nord-ouest américain, par Bronislaw Malinowski sous le nom de kula en Polynésie et même en Afrique du Nord, entre villages kabyles, par Germaine Tillon.

[2] SHANNON Claude, WEAWER Warren – Théorie mathématique de la communication – Retz-CEPL 1975

[3] THAYER, Cybernétique et communication humaine, VIème Congrès International de Cybernétique, Namur, septembre 1970.

[4] BATESON, BIRDWHISTELL, GOFFMAN, HALL, JACKSON, SCHEFLEN, SIGMAN, WATZLAWICK : La nouvelle communication, p. 7/8, Seuil 1984.

[5] BOUGNOUX D. :

La Communication

contre l'Information, Etude, p.307 à 317, mars 1992

[6] WATZLAWICK P., HELMICK BEAVIN J., JACKSON D. : Une logique de la communication, p. 48, Seuil 1972

[7] Ibid., p.52

[8] Ibid. La nouvelle communication, p.240

[9] GIRARD R. : Des choses cachées depuis la fondation du monde, Grasset 1978

[10] THEVENOT Xavier, Compter sur Dieu, p.286 à 290, Cerf 1992.

[11] RASTIER F. :  Le problème épistémologique du contexte et le statut de l'interprétation dans les sciences du langage, Actes du 3ème Congrès Européen de Systémique, p.397-401, Rome octobre 1996

[12] RASTIER F. : Complexité sémantique et contexte, Actes du 2ème Congrès Européen de Systémique, p.188-197,  Prague, octobre 1994

[13]  GADAMER H. G. :  Vérité et Méthode, Seuil 1975

[14] DOLTO Françoise : L'Evangile au risque de la psychanalyse, Seuil 1977

[15] Définition de la culture selon l'UNESCO (1982)

Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd'hui être considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. (…) La culture donne à l'homme la capacité de réflexion sur lui-même. C'est elle qui fait de nous des êtres spécifiquement humains, rationnels, critiques et engagés. C'est par elle que nous discernons des valeurs et effectuons des choix.

[16] HAVELANGE Véronique :  Sciences cognitives et tradition sociologique, Revue Internationale de Systémique, Vol 8, n°1, 1994
     LAURIOL J. : Approches cognitives de la décision et représentation sociale, Revue Internationale de Systémique, Vol 8, n°2, 1944

     DONNADIEU Gérard : Le système social , p.220-270, Manager avec le social, Editions Liaisons 1997

[17]  AUSTIN J. L. : Quand dire, c'est faire,  Seuil 1970

[18] MORIN E. : La chasse civilisatrice, pp71-73 ;  Le paradigme perdu, la nature humaine, Seuil 1973

[19] BRETON P. : De la rhétorique à l'ordinateur, Sciences Humaines n°4, mars 1991

[20]  ibid.

[21] RACCAH P.Y. : De la sémantique théorique à la terminologie, Actes du Troisième Congrès Européen de Systémique, Rome, octobre 1996

* NB : Rappelons les définitions de ces figures littéraires données par les dictionnaires :

·          Métaphore : Selon le Littré, terme de rhétorique désignant une comparaison abrégée. Selon le petit Larousse, procédé par lequel on transporte la signification propre d'un mot à une autre signification qui ne lui convient qu'en vertu d'une comparaison sous-entendue.

         Exemples : la lumière de l'esprit, brûler de désir.      

·          Métonymie : Selon le Littré, terme de rhétorique, par lequel on met un mot à la place d'un autre dont il fait entendre la signification. Selon le petit Larousse, procédé par lequel un concept est désigné par un terme désignant un autre concept qui lui est relié par une relation nécessaire (l'effet par la cause, le contenu par le contenant, le tout par la partie).

         Exemples: un toit pour désigner la maison, une fine lame pour désigner un escrimeur.

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